Un photographe de renom est invité chaque année par la Ville de Bièvres à exposer pendant la Foire internationale de la photo à la Maison des photographes et de l’image et à la Grange aux fraises. Pour mémoire, ont été accueillis lors des dernières éditions, en partenariat avec la Ville de Bièvres : Jane Evelyn Atwood, John et Claude Batho, Isabel Muñoz, Olivier Culmann, Patrick Tourneboeuf.
Cette année, l’invité d’honneur est Xavier Lambours. Il présentera des photos issues de ses séries « Gaijin story » et son travail sur le vélo « Vélolavie ».
Xavier Lambours vit et travaille à Maisons-Alfort. Il fait ses armes au journal Hara-Kiri dans les années 1970, où il a effectué pendant sept ans des reportages et des romans-photos. En 1983, il couvre le Festival de Cannes pour Libération et collabore régulièrement avec la presse et l’édition (Le Monde, Télérama, VSD, Géo, Les Cahiers du Cinéma, So Film, etc.). Il est représenté par Signatures, maison de photographes.
Après être passé par l’agence VU’, il cofonde l’agence Métis (1989-2004) avec Pascal Dolémieux, Luc Choquer, Martine Voyeux et Marie-Paule Nègre. Exposé notamment aux Rencontres d’Arles, à Visa pour l’image, au Centre Pompidou et au Centre national de la photo, il est lauréat du Prix Kodak (1989), entre en résidence à la Villa Kujoyama (1992) et reçoit le prix Niépce (1994) puis le Prix Delmas de l’Académie des beaux-arts (2011). En 1998, Louis-Vuitton lui donne carte blanche pendant un an, projet d’où sortira le livre Rebonds. La MEP lui consacre une rétrospective en 2011.
Auteur de plusieurs ouvrages (Ciné-monde, Figures du Limousin, Gaijin story, Vélolavie, Cinéma, …), il a également réalisé trois fictions photographiques (L’Enigme du fétiche noir pour Télérama, Petite Musique de la nuit et La Mémoire des scorpions dans la collection Le sourire qui mord, éditions Gallimard). À la suite des attentats de Charlie Hebdo en 2015, il publie Dans le ventre de Hara Kiri (Editions de La Martinière), avec le photographe Arnaud Baumann.
Résident du centre culturel de Sanaa (2004-2006), au Yémen, et de la Cité internationale des arts (2008-2009), à Paris, où il expose, c’est en résidence à la Capsule (2015-2016), au Bourget, qu’il se consacre à un nouveau roman-photo : On a marché sur la Terre, basé sur l’aventure de son double, Reivax. En 2018, il obtient une résidence à Saillon, dans le Valais suisse.
Parmi ses nombreuses activités, il réalise un court-métrage diffusé sur La Sept/Arte, La Cicatrice (1987), une mise en scène d’opéra pour le festival de Radio France Montpellier, Satyricon (1987), d’après l’œuvre de Bruno Maderna, un deuxième court métrage, Lundi des patates (Canal+, 1997) et un documentaire sorti en 2010, Mots d’elles, produit par Les Poissons volants et réalisé avec Valéry Gaillard, sur son travail de nus lors de sa résidence à la Cité internationale des arts.
Il prépare actuellement la sortie d’un nouveau livre sur le cinéma, pour les éditions The Jokers Films and more.
« Gaijin story »
Xavier Lambours fait partie des photographes « inventeurs ». Son travail, qui échappe aux codes du photo réalisme français, le fait vite remarquer et lui permet d’être invité en 1992 à une résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto. Le temps et les conditions pour réaliser une œuvre détaillée, mais pour parler de quoi ? Et surtout comment échapper au piège de l’exotisme face à l’exception culturelle japonaise ? Avec « Gaijin story », Xavier Lambours, trouve la juste distance entre la fascination et la réalité d’une société toujours difficile à appréhender pour un étranger.
Utilisant son immense talent de portraitiste, il choisit de traiter la question du pouvoir dans la société japonaise à sa manière c’est-à-dire un mélange toujours subtil de décalage, de frontalité et d’humour.
« Un jour, il y a 25 ans, un écolier du quartier est venu me demander s’il pouvait photographier notre théâtre, Les Bouffes du Nord. J’ai toujours sa photo au mur de mon bureau. Rarement, mon espace a été saisi avec une telle sensibilité. Maintenant Xavier Lambours me montre les fruits de sa longue exploration du Japon et j’y retrouve la même intelligence, la même intuition, qui guident l’œil de son appareil. Le Japon, pays que j’aime tellement, se cache derrière les apparences : l’art de Xavier les met à jour et à nu.
On oublie facilement qu’autrefois, le Japon était un pays très pauvre, qui vivait sa pauvreté d’une manière unique. Par nécessité, les Japonais apprirent à chercher la richesse partout : dans un pétale de fleur, dans le pli d’un tissu, dans un jeu de cailloux, ou encore dans le mouvement même d’un corps qui s’incline. À chaque instant, la beauté était là, s’offrant à tout œil capable de l’apprécier. C’est ce même regard que Xavier apporte au pays d’aujourd’hui et il témoigne de son étonnement à travers des images extraordinaires et inattendues. » Peter Brook
« Vélolavie »
« En 1999, Jacques Bonnaffé m’a demandé d’illustrer 54 x 13, un texte de Jean-Bernard Pouy qu’il mettait en scène, la dérive d’un échappé du Tour de France. Il voulait qu’on accroche des photos dans les halls des théâtres où il jouait. Je n’avais rien sur le vélo, seulement des gens que j’avais fait poser devant le pas de leur porte à Douchy-les-Mines. « On n’a qu’à dire qu’ils regardent passer une course », ai-je dit à Jacques. Ce qui fut fait. Un peu frustrant.
Un jour, nous sommes invités pour une « rando » à Saint-Amand-les-Eaux. Alors que je viens pour faire des photos en noir et blanc, je termine un film en couleurs, resté dans l’appareil. De retour à Paris, je suis surpris par l’ambiance de ces photos. Il y a quelque chose. La couleur du Nord. Le noir et blanc me semble soudain hors sujet, loin, inadapté. Trouver mon Nord, retrouver grand-mère, revenir au Nord, c’est recouvrer un bout de moi que je croyais perdu. Je me suis inventé un Nord, un pays où tout se passe à vélo. Une nouvelle république où l’on sort tous les jours son habit du dimanche.
Avec l’incroyable modernité du vélo contemporain, qui a osé amener la couleur au Nord. Je me souviens de ce monde endeuillé, où l’on ne quittait plus le noir quand sa moitié disparaissait. De ma grand-mère à qui je demandais le pourquoi de ses tenues noires et grises et qui rougissait quand je lui disais qu’elle serait belle en couleurs. » Xavier Lambours
Grange aux fraises
3, rue de Paris
Maison des Photographes et de l’Image
Rue de la Terrasse
Samedi 3 et dimanche 4 juin de 10h à 18h
Parallèlement, la Ville de Bièvres reconduit depuis plusieurs années, le concours « Les Bièvrois aiment la photo ». Ce concours permet de réaliser une exposition dans les rues de la commune au début de l’été. Il a pour objectif de valoriser les photographes de la commune pendant la Foire. Il est ouvert à tous les photographes bièvrois, aux membres des associations de photographes de Bièvres et à ceux qui travaillent à Bièvres.